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publié le mardi 21 juin 2011

Le phénomène de concentration va s'accélérer dans le 2e pilier

Article paru dans le quotidien LE TEMPS

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Les réformes de la prévoyance professionnelle engendrent un besoin d’économies d’échelle. Les rendements financiers risquent de rester durablement faibles.

En baisse constante depuis le début des années 2000, le nombre de caisses de pension est appelé à se contracter encore plus rapidement au cours des prochaines années. La raison? L’environnement réglementaire devient si dense que les plus petites institutions ne pourront bientôt plus supporter l’accroissement des charges administratives, estiment beaucoup de spécialistes de la branche. «De nombreuses institutions semi-autonomes de petite taille n’ont d’autre alternative que de s’affilier à une structure collective. Nous allons assister à une diminution de la diversité du paysage de la prévoyance professionnelle. Et probablement à un nivellement, par le bas», observe Vincent Duc, directeur d’Actuaires et Associés à Genève, qui s’exprimait la semaine dernière lors d’une table ronde organisée dans le cadre du 2e Forum des courtiers, qui s’est tenu à Lausanne.

(…)Les quelque 2300 institutions de prévoyance recensées aujourd’hui subiront-elles la même cure d’amaigrissement d’ici à cinq ans? Personne ne hasarde de chiffres, mais la question est bel et bien ouverte. D’autant qu’à côté d’un cadre réglementaire devenu plus rigide, la prévoyance devra continuer à se battre pour dégager du rendement. «Le formidable envol des bourses qui a eu lieu à parti de 1992, jusqu’en 2001, s’explique par la globalisation. Mais ce phénomène est désormais largement derrière nous», a analysé Olivier Ferrari, de la société de gestion Coninco, à Vevey. «Dans les pays occidentaux, nous passons d’un monde de création de richesse à celui de substitution de biens, de remplacement», a-t-il poursuivi. En clair, les rendements seront moindres à l’avenir.

Le gros hic pour le 2e pilier, c’est que les rentes sont aujourd’hui financées à hauteur de deux tiers par le capital versé par les assurés et pour un tiers par le 3e cotisant, soit les marchés et leurs performances. Si les rendements anémiques de la dernière décennie – dus à deux krachs boursiers et des taux durablement bas – devaient durer, comme le pense Olivier Ferrari, l’impasse se profilerait rapidement à l’horizon. D’autant plus vite, par ailleurs, que l’espérance de vie s’allonge chaque année d’un mois et demi.(…)

Paru le 21 juin 2011


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